Les plantes subissent souvent des dégâts causés par des “ravageurs” tels que limaces, insectes, acariens ou encore mammifères et oiseaux. Insectes et acariens sont les plus importants et leur contrôle a souvent constitué une des préoccupations majeures des agriculteurs.
Table of Contents
Comment lutter contre les ennemis de nos cultures
Les plantes peuvent aussi être attaquées par des “maladies” du fait du développement de bactéries, de champignons, de virus… Les ravageurs et les maladies constituent les “ennemis de cultures” que l’on appelle communément parasites.
Pour lutter contre ces ennemis de cultures, l’Homme a développé un ensemble de pratiques et de produits : rotations, techniques culturales, insecticides, acaricides, fongicides… Une utilisation irraisonnée des produits a eu, dans certaines situations, des conséquences inattendues telles que développement de phénomènes de résistance de la part des ravageurs, pollution de l’environnement…
Afin de limiter ces inconvénients, des recherches ont été menées vers l’utilisation d’organismes vivants pour protéger les plantes : c’est la “lutte biologique” dont les applications les plus répandues concernent les insectes et les acariens. La lutte biologique contre les maladies est encore, quant à elle, globalement à l’état d’expérimentation.
Quels sont les types d’organismes vivants utilisés pour lutter contre les ravageurs?
Les auxiliaires (ou macro-organismes)
- Les prédateurs : insectes ou acariens qui consomment d’autres insectes ou acariens; c’est par exemple le cas de la coccinelle qui mange les pucerons et des macrolophus qui s’attaquent aux aleurodes et d’autres ravageurs…
- Les parasites et les parasitoïdes : en général, ce sont des insectes qui parasitent leur hôte. Ils pondent à l’intérieur ou à la surface de l’hôte ciblé, puis la larve issue de l’œuf se nourrit de son contenu et se développe pour se transformer en un adulte qui part, à son tour, à la recherche d’un nouvel hôte (on parle de parasitoïde quand le développement du parasite entraîne la mort du ravageur. C’est par exemple le cas du Trichogramme qui parasite les œufs de la pyrale du maïs et d’Aphidius colemani qui parasite le puceron Aphis gossypii). Les parasitoïdes sont en général très spécifiques et ne pondent que dans un nombre limité d’hôtes. Il existe aussi des nématodes utiles dont certains sont utilisés en lutte biologique (anti limace, vers blancs, vers gris…)
- Il existe aussi des nématodes entomophages dont certains sont utilisés en lutte biologique.
Les préparations biologiques (ou micro-organismes)
- Bactéries : l’exemple le plus connu est le Bacillus thuringiensis dont différentes souches sont utilisées contre différentes chenilles,
- Virus : comme le virus de la granulose utilisé contre le carpocapse du pommier,
- Champignon : comme les champignons entomophtorals qui, en conditions favorables, attaquent naturellement les pucerons
A noter également l’utilisation des phéromones pour la confusion et la désorientation sexuelle. Ces procédés, qui permettent d’empêcher ou de réduire les possibilités de reproduction des insectes, peuvent être assimilés à la Lutte Biologique.
Méthodes d’utilisation
- Lâcher inoculatif en vue d’acclimatation, pour enrichir la faune auxiliaire d’un milieu donné : introduction du parasite Neodrinus pour lutter contre Metcalfa pruinosa, nouveau ravageur des plantes dans le Sud de la France.
- Lâcher inoculatif et saisonnier d’un petit nombre d’auxiliaires ; le ravageur visé est alors contrôlé grâce à l’effet combiné des auxiliaires lâchés et de leur descendance, ainsi que celle des auxiliaires naturels qui viendront renforcer leur action : utilisation de l’Anthocoris contre le psylle du poirier, lâché en 1 ou plusieurs fois par saison à raison de quelques centaines à quelques milliers d’insectes par hectare.
- Lâcher inondatif (d’un grand nombre d’auxiliaires) et saisonnier : utilisation du Trichogramme contre la pyrale du maïs (200 à 400 000 parasites/hectare et par saison)
- Les nématodes, les virus et les champignons sont épandus en très grand nombre (plusieurs centaines de milliers/m2/application), avec l’eau d’arrosage ou par pulvérisation.
Protection Biologique et Intégrée
En fonction des situations (cultures, ravageurs, auxiliaires) l’efficacité des lâchers d’auxiliaires peut être plus ou moins complète : il suffit en général de faire un seul lâcher de Trichogrammes pour contrôler la pyrale du maïs alors qu’il faut plusieurs lâchers de Macrolophus et d’Encarsia pour lutter contre la mouche blanche (aleurode) sur les cultures de tomate sous serre.
Dans certains cas, s’il y a des conditions climatiques ou d’autres facteurs défavorables à l’action des auxiliaires ou, si le niveau d’infestation des ravageurs est trop important, l’efficacité des auxiliaires peut être insuffisante. Cela peut impliquer le recours à un ou plusieurs traitements chimiques complémentaires. On pratique ainsi la lutte intégrée qui consiste à combiner différents moyens de lutte (mesures prophylactiques, techniques culturales, lutte biologique, lutte chimique) pour protéger les cultures.
Dans le cas des cultures protégées (notamment la tomate, le concombre…) on utilise souvent plusieurs auxiliaires complémentaires et, dans certains cas, on applique aussi des produits classiques compatibles avec les lâchers d’auxiliaires ; on parle alors de PBI ou Protection Biologique et Intégrée.
Mise en pratique
La pratique de la lutte biologique peut être relativement simple et fiable. Le cas le plus représentatif est celui du Trichogramme contre la pyrale du maïs : il suffit de suivre les indications de la notice et effectuer le lâcher pour obtenir, dans une très grande majorité des cas, une protection satisfaisante de la culture.
Il en est de même pour les lâchers de larves de coccinelles Harmonia pour lutter contre les pucerons sur des plantes telles que le rosier.
Mais dans beaucoup de cas, cette méthode nécessite une très bonne maîtrise technique de la part des utilisateurs. Il faut en particulier savoir observer et évaluer l’état sanitaire des cultures pour pouvoir décider des interventions au fur et à mesure du développement des plantes, des ravageurs et des auxiliaires.
Au cours de ces dernières années, la lutte biologique et la lutte intégrée se sont développées dans différentes situations :
- En grandes cultures avec les lâchers du Trichogramme
- En cultures protégées (tomate, concombre, poivron…) avec des lâchers de plusieurs auxiliaires contre différents ravageurs
- En jardins et espaces verts avec notamment l’utilisation des coccinelles
D’autres méthodes de lutte biologique et de lutte intégrée continuent à se développer, tant en milieu protégé (en particulier en horticulture), qu’en milieu ouvert (notamment en vergers).
Les principaux avantages de ces techniques sont :
- Apporter des solutions nouvelles, en particulier lorsque les insecticides classiques ne sont plus aussi efficaces ou disponibles (par exemple, apparition d’insectes résistants aux insecticides, retrait de produits nocifs,…).
- Impact positif sur l’environnement en favorisant les équilibres naturels.
- Amélioration des connaissances des milieux biologiques, et rôle pédagogique des produits et outils développés.